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Pourquoi est-il temps de légiférer en matière d'activité physique pour nos enfants

Cet article a été publié à l'origine dans le Globe and Mail du 17 novembre 2014.

Les enfants d'aujourd'hui ne sont pas assez actifs. À chaque année, ils le deviennent de moins en moins actifs. Apparemment, c'est un problème.

Je dis "apparemment" parce qu'après des années de discussions et de débats sur la façon de rendre les enfants actifs, nous perdons toujours la bataille. Les données présentées dans le bulletin de 2014 d'Active Healthy Kids Canada nous en disent long. Selon le dernier rapport, seulement 7 % des enfants canadiens âgés de 5 à 11 ans sont suffisamment actifs pour rencontrer les objectifs de base en matière d'activité physique quotidienne au Canada.


Les raisons pour lesquelles nous n'avons pas réussi à inverser la tendance à l'inactivité sont multiples: la perception que le quartier n’est pas sécuritaire, l'attrait des écrans d'ordinateur, les coûts d'inscription aux sports pour les jeunes et l'accès aux programmes, pour n'en citer que quelques-unes.


Maintenant, vers quoi nous tourner ?


Une chose est certaine : Dire aux enfants de "d’aller jouer dehors" ne fonctionne pas. Nous devons arrêter de penser que c’est l’unique solution. Elle ne reconnaît absolument pas la complexité du problème et ne nous mène nulle part.


Si nous voulons vraiment que les enfants soient actifs, la première étape est de reconnaître ce que le chercheur brésilien en santé publique Pedro Hallal a déclaré dans son commentaire de 2012 dans The Lancet : Nous devons faire de l'activité physique une priorité de santé publique.


Mais qu'est-ce que cela signifie ? Et à quoi cela ressemble-t-il ?


L'histoire nous montre comment cela fonctionne. Les campagnes de santé publique réussies sont de grande envergure et complètes. Avec la polio, les oreillons et la rougeole, nous avons fait les choses en grand. Nous avons vacciné, sauvé des dizaines de milliers de vies, et essentiellement éradiqué ces maladies et sans aucun doute changé le cours de l'histoire humaine d'une manière qu’il ne nous sera jamais possible de mesurer.


En d'autres termes, nous avons rendu obligatoire un traitement préventif. Nous ne l'avons pas rendu facultatif.


Dans le contexte actuel des jeux vidéo et des parents hélicoptères, si nous voulons vraiment que les enfants soient actifs, nous devons essentiellement légiférer en matière d'activité physique et fournir les ressources nécessaires pour la soutenir.


Cela peut sembler probablement draconien et effrayant pour plusieurs. Prenez un moment pour y réfléchir.


Les éducateurs, les professionnels de la santé et les gouvernements ne peuvent pas contrôler si les enfants choisissent ou non de s'engager dans un jeu libre non structuré. Ils ne peuvent pas non plus contrôler si les parents font ou non les choses nécessaires pour que leurs enfants soient actifs pendant leur temps libre. Mais il y a un endroit où, en tant que société, nous pouvons avoir un impact important.


Tout d'abord, nous pouvons garantir une éducation physique de qualité dans les écoles. Nous pouvons l'imposer. Tout comme nous rendons actuellement obligatoire l'enseignement des mathématiques. Pour tous les niveaux scolaires et pour toute l'année scolaire. Au cours des deux dernières décennies, l'éducation physique a pratiquement disparu des programmes scolaires, et nous devons changer cela.


Le sport scolaire et l'éducation physique sont des anathèmes pour plusieurs. Mais, les mathématiques aussi, et nous continuons à enseigner les mathématiques dans les écoles. Sommes-nous prêts à arrêter d'enseigner les maths simplement parce que les enfants n'aiment pas l'algèbre ou qu'ils se débattent avec des fractions ? Ou parce que leurs parents ont décidé que leurs enfants sont destinés à être des poètes et non des ingénieurs ?


Une éducation physique de qualité n'est pas un grand mystère. Nous savons comment le faire. Certains coins du Canada le font déjà très bien.


Le programme de sport scolaire P4A à Prince Albert, en Saskatchewan, permet à des milliers d'enfants de la 4e à la 8e année d'apprendre et de pratiquer différents sports chaque année. Le P4A y parvient grâce à un partage efficace des coûts entre les écoles et à des politiques d'inclusion et de "non réduction" qui donnent à tous les enfants la possibilité de jouer.


L'école primaire St. Patrick de Victoria a un programme d'activités complet qui associe de manière transparente des cours d'éducation physique toute l'année pour tous les niveaux, des pauses d'activité physique quotidienne (APQ), des sports intra-muros à l'heure du dîner et des équipes sportives saisonnières après l'école où personne où tous sont bienvenues. Tout cela est supervisé par un spécialiste de l'éducation physique qui fait sauter - et courir, et botter et lancer et attraper-  les 350 enfants de la maternelle à la septième année, tout au long de l'année.


Là encore, c'est possible. Il suffit de planifier et de faire preuve de volonté politique. La question est de savoir si nous sommes sérieux.


Nous savons qu'une éducation physique de qualité coûte de l'argent. Cependant, le traitement médical des maladies cardiaques, du cancer et du diabète coûte également de l'argent. Beaucoup d'argent. On parle de milliards.


Selon le Conseil canadien de la santé, les dépenses de santé publiques et privées en 2012 s'élevaient à environ 207 milliards de dollars. L'Institut canadien d'information sur la santé prévoit que les coûts dépasseront 211 milliards de dollars en 2013, soit 5 988 dollars par personne.


Il est tentant de penser qu'une petite partie de ces sommes, consacrées à des programmes d'éducation physique de qualité dans les écoles, pourrait contribuer à accroître l'activité physique chez nos enfants et à réduire les dépenses de santé futures. Payez maintenant, économisez plus tard.

Avons-nous vraiment à coeur de faire bouger les enfants?

Si c’est le cas, une partie de la solution consiste à s'attaquer à ce problème comme nous l'avons fait pour d'autres crises de santé publique dans le passé. Et nous devons ensuite créer des programmes complets qui s'adressent à tous les enfants du Canada, quels que soient le revenu familial, la situation familiale ou la situation géographique.

Au sujet de l'auteur

Jim Grove est un éducateur, un entraîneur et un écrivain qui, depuis 2006, conseille les organisations sportives nationales en matière de littératie physique et de développement de l'athlète à long terme. Il est titulaire d'un diplôme en éducation et d'une certification d'entraîneur provincial de soccer de la Colombie-Britannique. Marié et père de trois enfants, il a 20 ans d'expérience en tant qu'entraîneur d'enfants et de jeunes âgés de 5 à 18 ans.

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